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Combien de morts ?

Maximilien Robespierre s’interroge. Il n’a pas participé aux combats. Il est resté enfermé chez les Duplay, rue Saint-Honoré, à écouter les feux de salve qui se sont prolongés dans l’après-midi de ce vendredi

10 août.

Maintenant que la nuit est tombée, il se rend à la section des Piques, place Vendôme.

Autour de la statue de Louis XIV, une foule s’affaire, et, à l’aide de crocs, d’épieux, de lourds maillets, de barres de fer, on essaie de desceller la statue, et quand le Roi-Soleil commence à osciller on crie : « Plus de roi, haine aux tyrans. »

On commence à briser la statue, et d’autres sans-culottes, des jeunes gens, des femmes martèlent, sur les façades, le mot roi, les fleurs de lys.

 

Robespierre s’arrête, questionne. On le reconnaît, on l’acclame. On lui dit que le peuple renverse les statues, celles de Louis XV et de Louis XIII, d’Henri IV.

On réclame la déchéance de Louis Capet, son procès. On brûle les sièges des journaux monarchistes. On traque les journalistes royalistes. On arrête des « suspects », soupçonnés à leur mine, à leurs vêtements, d’être des aristocrates.

On hurle qu’il faut tuer les Suisses qui se sont réfugiés, non loin de là, au couvent des Feuillants, et d’autres au Palais-Bourbon.

Combien de morts déjà ?

Au moins un millier, dont plus de six cents défenseurs du château, Suisses et aristocrates venus défendre le roi.

Au Carrousel, le peuple brûle les cadavres avec les débris des devantures des boutiques brisées ou incendiées par les décharges de mousqueterie.

 

Qu’est devenu le roi ? Qu’a décidé l’Assemblée à son sujet ? Suspension ou déchéance ? Robespierre veut se rendre salle du Manège, mais il s’adresse d’abord à l’assemblée de la section des Piques :

« Il faudra que le peuple s’arme encore une fois de sa vengeance, dit-il. Songez que le courage et l’énergie du peuple peuvent seuls conserver la liberté. Il est enchaîné dès qu’il s’endort, il est méprisé dès qu’il ne se fait plus craindre, il est vaincu dès qu’il pardonne à ses ennemis avant de les voir entièrement domptés. »

On le désigne par acclamation comme représentant de la section à la Commune insurrectionnelle.

C’est là qu’est le pouvoir.

 

Il voit, à l’Assemblée, le roi et sa famille, qui sont encore dans la loge du logographe et qui passent leur nuit dans quelques pièces du couvent des Feuillants.

Les députés, à peine deux cent quatre-vingt-cinq sur les sept cent quarante-cinq que compte l’Assemblée, ont décidé la suspension du roi, et son internement.

Les sans-culottes, les représentants de la Commune insurrectionnelle ont protesté. Ils demandent la déchéance de Monsieur Veto. Ils exigent que le roi et sa famille ne soient pas internés au palais du Luxembourg, ou à l’hôtel du ministre de la Justice, comme l’avait décidé l’Assemblée, mais dans le donjon du Temple, où la surveillance doit être sévère à chaque instant. Il faut que Louis Capet, l’Autrichienne et petit Capet, ne disposent que de l’indispensable. Point de luxe. Point de sortie. Point de visite. Il n’y a plus de roi.

 

Et l’Assemblée s’incline devant la Commune insurrectionnelle. Les députés votent aussi pour que soit constitué un Conseil exécutif provisoire, et c’est Danton qui y exercera la plus forte influence, parce qu’il a recueilli deux cent vingt-deux voix sur deux cent quatre-vingt-cinq, plus qu’aucun des autres candidats. On sait que Danton a été l’homme de l’insurrection du 1er août.

« Je suis entré au Conseil exécutif par la brèche ouverte aux Tuileries », dit-il de sa voix de stentor.

Celui que ses ennemis appellent « le Mirabeau de la canaille », ce franc-maçon, qui choisit comme secrétaires Fabre d’Églantine et Camille Desmoulins, est une force physique : visage léonin, crinière embroussaillée, mâchoire large, mains épaisses, torse et épaules musclés.

Il aime la vie, le pouvoir, l’argent. On l’a dit agent du duc d’Orléans, soudoyé par la Cour. Il s’est jeté dans le brasier révolutionnaire avec toute son énergie et son talent d’avocat.

Robespierre l’observe. Comment un homme débauché, corrompu, tonitruant, pourrait-il être un homme vertueux ?

Mais c’est Danton qui est au Conseil exécutif, ministre de la Justice, lui qui joue le premier rôle, et domine Roland, ministre de l’intérieur, que son épouse Manon inspire.

C’est elle qui en fait dirige le bureau de l’esprit public, qui sous l’autorité de Roland doit influencer, orienter les journaux. Ils sont tous patriotes, puisque la censure a été établie et que les journaux monarchistes ont été supprimés. Le journaliste Suleau a été massacré, son confrère Du Rosoi, arrêté, a été condamné à être guillotiné. L’Assemblée a créé un Tribunal criminel extraordinaire, sous la pression de la Commune insurrectionnelle. Les juges qui le composent ont été élus par les sections.

Robespierre, qui a recueilli le plus de voix, devrait en prendre la présidence. Il hésite, puis refuse :

« Je ne peux être le juge de ceux dont j’ai été l’adversaire, dit-il. J’ai dû me souvenir que s’ils étaient les ennemis de la patrie, ils s’étaient aussi déclarés les miens. »

Les Girondins l’accusent d’hypocrisie, de vouloir en fait rester à la Commune afin d’occuper ce lieu de pouvoir. Des affiches sont placardées, à côté de celles qui depuis le 11 août annoncent : « Le roi est suspendu, sa famille et lui restent otages. »

« Robespierre, y lit-on, est un homme ardemment jaloux. Il veut dépopulariser le maire Pétion, se mettre à sa place et parvenir au milieu des ruines à ce tribunal, objet continuel de ses vœux insensés. »

 

Robespierre, sans qu’un trait de son visage tressaille, lit et relit, avec une fureur maîtrisée qui le glace, ces accusations.

Il n’attaquera pas, pas encore, ces Girondins auteurs de ces accusations.

Mais le soir, au club des Jacobins, d’une voix coupante, il dit :

« L’exercice de ces fonctions de président du tribunal criminel extraordinaire pour juger les auteurs des crimes contre-révolutionnaires était incompatible avec celles de représentant de la Commune. Je reste au poste où je suis, convaincu que c’est là que je dois actuellement servir la patrie. »

On l’acclame.

Il lit l’appel que vient de lancer la Commune :

« Peuple souverain, suspends ta vengeance. La justice endormie reprendra aujourd’hui tous ses droits. Tous les coupables vont périr sur l’échafaud. »

 

Les Jacobins l’ovationnent. « Plus de roi, jamais de roi », crient-ils.

On a conduit Louis Capet et sa famille au donjon du Temple.

On a entassé toute la famille royale dans une voiture traînée seulement par deux chevaux qui avançaient au pas, escortée par des gardes nationaux, crosse en l’air.

On a voulu qu’ils traversent Paris, qu’ils voient les statues des rois renversées. Et on leur a dit que l’on a même brisé celle de Philippe le Bel qui est dans Notre-Dame.

« Louis-Néron » est resté impassible.

Marie-Antoinette, cette nouvelle Agrippine, serre contre elle son fils, et tout au long du trajet, qui a pris plusieurs heures, elle a reçu en plein visage les insultes, les accusations, cette « putain et son bâtard ».

 

Autour d’eux la mort rôde.

Les journaux patriotes l’appellent pour qu’elle frappe.

Dans Les Révolutions de Paris, Robespierre lit : « La patrie et le despotisme ont lutté ensemble un moment corps à corps. Le despotisme avait été l’agresseur. Il succombe. Point de grâce, qu’il meure mais pour ne plus avoir à recommencer avec cette hydre, il faut abattre toutes les têtes d’un coup. Donnons dans la personne des Bourbons et de leurs complices un exemple éclatant qui fasse pâlir les autres rois ; qu’ils aient toujours devant eux et présent à leur pensée le fer de la guillotine tombant sur la tête ignoble de Louis XVI, sur le chef altier et insolent de sa complice. Frappons après eux tous ceux dont on lit les noms sur les papiers trouvés dans le cabinet des Tuileries ; que tous ces papiers nous servent de listes de proscriptions. Faut-il encore d’autres pièces justificatives ? Qu’attend-on ?

« Mais, inconséquents et légers que nous sommes, nous passons notre colère sur des bronzes, des marbres inanimés. »

Ce n’est point les statues que l’on doit briser, mais des têtes que l’on doit trancher.

 

C’est l’avis de la Commune insurrectionnelle dont Danton est le maître. Il exige.

Les députés doivent prêter un nouveau serment. Il n’est plus question de fidélité au roi. La Constitution de 1791 est abolie. Des élections vont être organisées au suffrage universel aux fins d’élire une Convention nationale qui, comme aux États-Unis, qui servent de modèle, rédigera une nouvelle Constitution.

Et d’ici là, les municipalités pourront emprisonner les « suspects », effectuer des « visites domiciliaires ». On ne fait plus d’abord référence à la liberté.

C’est l’an I de l’égalité qui commence.

Et il faut prêter serment à la nation, à l’égalité sainte.

Les prêtres qui s’y refusent, les réfractaires pourront être aussitôt déportés en Guyane.

Il faut traquer et réduire à l’impuissance les aristocrates et leurs complices.

À Paris, la Commune fait arrêter six cents suspects qui rejoignent dans les prisons deux mille personnes qui déjà s’y entassent.

Les femmes et les enfants d’émigrés sont considérés comme des otages, et leurs biens placés sous séquestre.

 

Il faut se défendre.

On dit que les armées austro-prussiennes ont pris l’offensive, appuyées par vingt mille émigrés. Ce même 19 août, La Fayette et vingt-deux officiers de son état-major, après avoir tenté d’entraîner leurs troupes à marcher sur Paris, sont passés à l’ennemi.

En Vendée, en Bretagne, en Dauphiné, dans la région du Nord, dans le Centre, dans le Sud-Ouest, et malgré l’envoi par la Commune insurrectionnelle et le Comité exécutif de commissaires, on se dresse contre la révolution du 10 août.

On proclame son attachement au roi, on refuse de s’enrôler, pour partir aux frontières. Dans le Maine et la Normandie, Jean Cottereau, dit Jean Chouan, qui avec ses trois frères se livrait à la contrebande du sel, gagne la forêt. On se rassemble autour de lui, on se reconnaît en poussant le cri du chat-huant. On s’apprête à attaquer les gendarmes, à défendre les prêtres réfractaires.

Et les nouvelles de ces résistances accroissent la peur et la mobilisation dans ces quartiers de Paris – les faubourgs, le centre, le Théâtre-Français, les portes Saint-Denis et Saint-Martin – où fermente l’esprit sans-culotte, autour des sections des Quinze-Vingts, des Piques, du Théâtre-Français.

On s’arme.

Les fers des grilles des Tuileries sont transformés en « piques citoyennes ». On croit que huit cents hommes de la « ci-devant » garde royale sont prêts à fondre sur Paris, pour y massacrer les patriotes.

On crie à la trahison quand on apprend, le 23 août, que Longwy est tombé aux mains des Prussiens. On s’insurge contre ces députés, ces Girondins, ce ministre Roland, ces militaires qui envisagent de quitter Paris, qui s’affolent à l’idée que les Prussiens ne sont qu’à quelques jours de marche de la capitale, et qu’ils mettront à exécution les menaces annoncées dans le Manifeste de Brunswick.

 

Et puis dans Paris, il y a ceux – la plus grande partie de la population – qui continuent de vivre en subissant les événements sans y participer.

Ceux-là ne se sont mêlés ni au cortège du 10 août, ni aux combats des Tuileries, ni aux tueries.

« Le massacre ne s’étendit guère hors du Carrousel et ne franchit pas la Seine, écrit un témoin. Partout ailleurs je trouvai la population aussi tranquille que si rien ne s’était passé. Dans l’intérieur de la ville, le peuple montrait à peine quelque étonnement ; on dansait dans les guinguettes. Au Marais où je demeurais alors, on n’en était qu’à soupçonner le fait, comme à Saint-Germain. On disait qu’il y avait quelque chose à Paris, et l’on attendait impatiemment que le journal du soir dît ce que c’était. »

Mais d’autres sont stupéfaits.

« La journée du 10 août change toutes les idées, toutes les opinions des patriotes », écrit un membre du club des Jacobins, garde national, acteur des événements mais comme un citoyen anonyme qui n’intervient pas dans les débats, qui observe, à la fois emporté par le souffle révolutionnaire et inquiet.

« Nous voilà à recommencer, dit-il, c’est une nouvelle Révolution qui annule celle de 1789. Il paraît décidé que la royauté sera abolie, qu’on créera un régime républicain démocratique. Ce sera encore un enchaînement de maux et de malheurs dont nous sortirons quand il plaira à Dieu… Quel changement, Seigneur ! Qu’eût répondu Louis XIV, le 10 août 1715, peu de jours avant sa mort, si on lui avait dit : “Sire, dans soixante-dix-sept ans, la monarchie française sera détruite, le règne des Bourbons sera fini en France ; vous êtes l’antépénultième roi de cette antique dynastie.” »

Ce citoyen-là est incertain.

On arrête des « suspects ». On encercle le Palais-Bourbon, où sont prisonniers cent cinquante Suisses. Et des sans-culottes exigent qu’on les leur livre.

« La Commune du 10 août, écrit ce Jacobin, commence à faire trembler une partie des habitants de Paris… Les partisans de la Révolution se divisent en deux classes, ceux de 89 jusqu’au 10 août exclusivement, et ceux qui datent du 10 août, qui se disent des patriotes par excellence ; ces derniers font un bruit terrible dans les sections, aux Jacobins même où l’on commence à se regarder jusqu’au fond de l’âme. Cette société prend une autre face depuis le 10août… Elle dégénère en tripot démocratique. Quoique j’y signifie rien et que je veuille y rien signifier, je balance, je ne sais si je dois y rester ou m’en retirer. »

Mais il y a la menace étrangère, les Prussiens, les Autrichiens qui approchent, les émigrés qui marchent à leurs côtés.

La patrie est en danger. « Un Français doit vivre pour elle, pour elle un Français doit mourir », chante-t-on.

Et les tambours battent la générale. On s’enrôle. On entonne « Aux armes, citoyens, formez vos bataillons ». Les volontaires de 1792 rejoignent les volontaires de 1791

« Ô sublime élan ! » « On est dans une atmosphère lumineuse. »

Les, volontaires élisent les chefs de bataillon, les officiers. Marceau, Oudinot, Championnet, Lefebvre, Jourdan, Victor, Bemadotte, Ney, Murat, Soult, Pichegru, Hoche, Gouvion, Brune, Joubert sont élus.

Le général Dumouriez a remplacé le « traître » La Fayette.

Kellermann, ce vieil officier de cinquante-sept ans, maréchal de camp en 1788, est promu général en 1792.

Quand, le 27 août, il arrive à Metz, il est accueilli par les volontaires, au cri de « Ça ira ».

Ces soldats-là, brûlant d’une ferveur patriotique, n’ont besoin que d’être commandés par des chefs décidés à se battre. Et les officiers qu’ils viennent d’élire, et ceux qui, d’ancien régime, n’ont pas déserté, sont résolus à le faire.

Et tous les régiments chantent :

Aux armes, citoyens,

Formez vos bataillons

Marchons, marchons

Qu’un sang impur

Abreuve nos sillons.

Mais, pour l’heure, les Austro-Prussiens de Brunswick après avoir pris Longwy marchent sur Verdun.

Et les émigrés se moquent de ces « faïences bleues »

— la couleur des uniformes des volontaires français -qu’ils briseront d’un coup de sabre !

Et au Conseil exécutif, le ministre de l’intérieur Roland répète que le gouvernement, l’Assemblée doivent quitter Paris pour Blois.

Danton se lève, brandit ses poings, lance de sa voix qui vibre comme un tambour :

« Avant que les Prussiens entrent dans Paris, je veux que vingt mille flambeaux fassent de Paris un monceau de cendres ! »

À la Commune, à l’Assemblée, il attaque les Girondins, ces ministres « rolandistes » qui sont saisis par la peur.

Il faut sauver la patrie.

« Quand un vaisseau fait naufrage, s’écrie Danton, l’équipage jette à la mer ce qui l’exposerait à périr, de même tout ce qui peut nuire à la nation doit être rejeté de son sein. »

Danton incite les commissaires, dans les départements, à user de leurs pleins pouvoirs.

À Paris, les visites domiciliaires, les perquisitions, les arrestations se multiplient. Trois mille suspects sont jetés en prison, et même si la plupart d’entre eux seront libérés, la peur se répand. Mais personne ne proteste.

On n’entend plus qu’une seule voix puisque la presse royaliste a été interdite. Et les journaux demandent aux citoyens de jurer comme les Jacobins de purger la terre du fléau de la royauté. Et ils incitent les Parisiens à participer aux travaux de défense entrepris de Clichy à Montmartre.

On creuse des tranchées, on chante :

Veto-femelle avait promis

De faire égorger tout Paris

Ses projets ont manqué

Grâce à nos canonniers

 

Dansons la carmagnole

Vive le son, vive le son

Dansons la carmagnole

Vive le son du canon !

 

Veto-le-mâle avait promis

D’être fidèle à son pays

Mais il y a manqué

Le fourbe est encagé.

Mais les Prussiens sont aux portes de Verdun, et l’inquiétude nourrit l’exaltation patriotique.

Le 27 août, un long cortège parti de la place de l’Hôtel-de-Ville traverse Paris, jusqu’aux Tuileries où sur le grand bassin on a construit une pyramide granitique.

Il faut célébrer, à la manière antique a proclamé la Commune, les funérailles des morts du 10 août. On lit sur les bannières :

Pleurez, épouses, mères et sœurs

La perte des victimes immolées par les traîtres

Nous jurons, nous, de les venger !

Se venger, se défendre, c’est l’obsession de Marat.

Il hante l’Hôtel de Ville, interpelle les délégués des quarante-huit sections de Paris qui constituent la Commune insurrectionnelle.

Il s’adresse à Barbaroux, l’avocat secrétaire de la Commune de Marseille, qui a accompagné les fédérés marseillais dont le rôle a été décisif dans la prise des Tuileries le 10 août. Ce sont eux qui ont contre-attaqué, après l’assaut victorieux des Suisses.

« Donnez-moi, lui dit Marat, deux cents Napolitains armés de poignards et portant à leur bras gauche un manchon en guise de bouclier : avec eux je parcourrai la France et je ferai la révolution. »

Il faudrait, ajoute-t-il, supprimer deux cent soixante mille hommes, mesure d’humanité qui permettrait de sauver la patrie et des millions de citoyens.

« L’Assemblée nationale peut encore sauver la France, continue-t-il ; il lui suffira de décréter que tous les aristocrates porteront un ruban bleu et qu’on les pendra dès qu’on en trouvera trois ensemble. »

Il parle d’une voix posée, les yeux fixes, comme ceux d’un prophète qui voit, qui sait, qui dit : « On peut aussi tendre des embuscades, et les égorger. Si sur cent hommes tués il y a dix patriotes, qu’importe ? C’est quatre-vingt-dix hommes pour dix et puis on ne peut pas se tromper : tombez sur ceux qui ont des voitures, des valets, des habits de soie, ou qui sortent des spectacles, vous êtes sûrs que ce sont des aristocrates. »

Ces propos terrorisent les Girondins. Car Marat dénonce aussi les députés : des hypocrites, des traîtres qui n’ont accepté la révolution du 10 août que par peur. Mais « ils sont des suppôts du despotisme et ces traîtres à la patrie machineront éternellement sa perte »…

Roland, ministre de l’intérieur, intervient à l’Assemblée, déclare la Commune insurrectionnelle illégale. Et les députés votent la dissolution de la Commune le 31 août. Mais la Commune refuse de plier. Elle est le pouvoir de fait. C’est elle qui est la voix du patriotisme qui enflamme les sans-culottes, car la patrie est en danger. Alors que Roland, et les ministres girondins – Clavière, Servan – veulent toujours fuir à Blois, Danton s’écrie :

« Une partie du peuple va se porter aux frontières, une autre va creuser des retranchements et la troisième avec des piques défendra l’intérieur des villes… »

 

Et c’est au son du canon et des tambours, que les jeunes gens s’enrôlent en chantant :

Mourir pour la patrie

Est le sort le plus beau

Le plus digne d’envie.

Le Peuple et le Roi
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